Focus sur l'artisanat laotien : La fabrication de papier de mûrier par Nahm Dong Park
L’artisanat est un élément majeur de la culture d’un pays. Il est lié à son histoire, à ses habitants et à son patrimoine. De nombreux objets sont encore fabriqués manuellement. Paniers en bambou tressé, écharpes de soie, papier de mûrier sont quelques exemples de ces traditions ancestrales très riches. Comment ces objets sont-ils fabriqués ? Comment est-ce lié à leur vie quotidienne ? Comment cette connaissance est-elle transmise ? Autant de questions auxquelles nous allons répondre. Comme ce n’est pas notre domaine de prédilection, nous avons demandé l’aide d’experts. Dans cet article, nous nous concentrons sur la fabrication de papier de mûrier avec Leck du « Nahm Dong Park ». Bonne lecture !
Sabaïdi Leck. Pouvez-vous nous présenter rapidement ce qu’est le Nahm Dong Park ?
A seulement 10 km du centre de Luang Prabang, le parc Nahm Dong, c’est 18 hectares de jungle traversée par une rivière et sa cascade. C'est aussi un espace d'expérimentation de cultures biologiques, de vergers, d'élevage... qui nous permettent de fonctionner en autosuffisance. Les visiteurs peuvent facilement y passer une journée entière à se promener, à nager, à faire de l'accrobranche et de la tyrolienne, à randonner, à participer à l'un de nos ateliers (cours de cuisine, tressage de bambou, fabrication du papier de mûrier...) tout en profitant de cet environnement exceptionnel au cœur de la nature.
Aujourd'hui, nous nous intéressons à la fabrication du papier de mûrier.
D’où vient cet artisanat ?
Cette méthode est originaire de Chine et elle aurait été inventé en 105 après J-C. A l'époque, on utilisait différentes fibres végétales telles que l’écorce de mûrier, de chanvre... C’est là que la technique a été créée et développée, avant de se propager à travers l'Asie du sud-est et centrale, puis bien plus tard au Moyen Orient et en Europe.
Ou trouve t’on le mûrier ? Quel est le procédé pour faire du papier à partir du mûrier ?
Le mûrier est très présent dans toute la région d'Asie du sud-est. L’arbre idéal doit avoir 1 et 5 ans car après l'écorce perd sa souplesse. La fabrication du papier de mûrier commence par la récolte de la matière première : l’écorce. Pour cela, on se sert d’un couteau, on pratique de longues incisions pour pouvoir décoller un long rectangle. On enlève ensuite la partie extérieure de couleur marron/noir, pour ne garder que la matière blanche fibreuse. Il faut ensuite faire sécher au soleil pendant au moins 2 heures.
On fait ensuite bouillir l’écorce pendant 8 à 10 heures pour ramollir le tout. Arrive ensuite l’étape la plus physique : pilonner la matière pour obtenir une pâte blanchâtre relativement homogène. Pour cela, on utilise traditionnellement un système de marteau/pilon. A noter qu’il existe aujourd'hui des machines modernes pour s’éviter ce dur labeur. La mixture est naturellement jaunâtre et on peut y incorporer des cendres pour la blanchir.
Une fois la pâte obtenue, on la dépose dans un cadre dont le fond est fait de moustiquaire et immergé dans un bain d'eau. Cela permet à l’eau de circuler sans que la pâte ne s’échappe. Le cadre détermine le format du futur papier. On brasse ensuite cette mixture pour détacher les fibres et diviser les « grumeaux ». A ce stade-là, on pourrait laisser sécher et obtenir du papier comme support d’écriture. Mais pour faire un joli souvenir, on va y ajouter des fleurs décoratives que l'on coince entre les fibres. Les couleurs et les formes, c’est selon les goûts de chacun. Une fois cette partie créative terminée, on sort le cadre de l’eau et on le met à sécher. Après 3 heures au soleil, le papier est prêt !
Comment est transmis cet artisanat ?
Comme pour de nombreuses techniques ancestrales, la transmission est purement orale et se fait de génération en génération. Lek qui anime l’atelier, a tout appris de son père.
Comment le papier de mûrier est-il utilisé aujourd'hui ?
Le but premier était de fabriquer un support d’écriture, il est maintenant remplacé par le papier moderne. La texture du papier de mûrier est très belle et de nouvelles techniques permettent de le colorer. Il est donc devenu décoratif. On l'utilise beaucoup pour faire de la calligraphie ou des peintures, pour fabriquer des carnets, des abat-jours, des éventails, des fonds de cadre photo... Ce sont de très beaux souvenirs que l'on peut acheter au marché de nuit de Luang Prabang.
Avez-vous constaté un regain d’intérêt pour l’artisanat de la part des touristes ?
Oui, beaucoup. Les ateliers que nous proposons ont beaucoup de succès. Ils permettent aux adultes comme aux enfants de se cultiver sur l’artisanat local et découvrir des méthodes oubliées. Tresser le bambou, fabriquer du papier de mûrier ou la broderie sont d'excellentes activités pour passer un moment ludique en famille par exemple. Distiller l’alcool de riz, on garde plutôt ça pour les adultes 😊
Nous tenons à remercier Leck du Nahm Dong Park pour tous ces détails. C’est tellement agréable d’entendre un expert parler de ce qu’il aime. Nous espérons que, grâce à cet article, vous avez beaucoup appris sur ce type d’artisanat. Et si vous êtes intéressé par la poterie, le tissage de la soie ou le tressage de bambou, d'autres articles sont à venir ! De plus, si vous souhaitez organiser votre voyage au Laos et ainsi découvrir cette culture locale, n'hésitez pas à nous contacter. À bientôt !
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